La Reine Marga; une pionnière en terre Arabique

Aventurière ou espionne, amazone des sables ou agent double, la marquise Marga d’Andurain fascine par son destin hors norme. En 1933, elle parvient presque à pénétrer dans la cité sainte de La Mecque, au risque de sa vie.

Photo DR Julie Andurain

« Émule de la Brinvilliers », « de Mata Hari », « maîtresse du colonel Lawrence » puis du chef du Foreign Office, « amazone du désert », « Reine des sables », « ex-reine de Palmyre », « aventurière aux vingt crimes », « espionne et agent double » pour le compte des Anglais puis des Arabes… : que n’entendit pas à propos de l’aventurière Marga d’Andurain ? Lorsque cette jeune aristocrate est assassinée en 1946 dans la baie de Tanger, les qualificatifs pleuvent, d’autant qu’en 33, elle est accusée du meurtre de son mari bédouin empoisonné ; Marga est emprisonnée à Djeddah en avril 1933.

Si elle ne bénéficia pas de la même popularité que d’autres aventurières comme Isabelle Eberhardt, Ida Pfeiffer, Alexandra David Neel ou Ella Maillard, Pierre Fournié, dit d’elle qu’elle était dotée de la « silhouette […] d’une personnalité symbolisant la France au Levant ». Mieux, Marga incarna en réalité ce « désir d’Orient », si bien raconté par Edmonde Charles-Roux. Dans le désert de Syrie, à Palmyre, elle avait trouvé paradoxalement davantage de liberté qu’en Occident. Là, elle avait conçu la grande aventure de sa vie, celle d’être la première Européenne à entrer dans le sanctuaire de La Mecque.

« Mourir en mer, qu’on me fasse glisser dans l’eau et que je m’enfonce doucement, librement dans les profondeurs marines »

Petit retour en arrière ; quoi que fait Marga jeune fille, elle se confronte toujours à la désapprobation de ses parents ; décoration d’intérieur, production de perles artificielles sous la marque de sa propre société, Arga. laissent ses parents parfaitement impassibles au mieux, critiques au pire. Si bien qu’en 1925, après avoir hérité de son père, elle décide de partir en Égypte.

Elle épouse un chef bédouin, se convertit à l’islam, tente de devenir la première Occidentale à pénétrer dans les lieux saints de La Mecque. Mais le projet capote, car les autorités ne croient pas à la sincérité de sa conversion. Libérée de Djeddah après la mort de son époux, elle est acquittée, grâce à l’intervention du consul français, et obtient l’autorisation de retourner à Palmyre, où les tribus réclament vengeance pour le meurtre de l’un de leurs chefs. Son premier mari, Pierre disparaît à son tour, poignardé sur la terrasse de l’hôtel.
À 55 ans, elle disparaît à bord de son yacht le Djeilan dans la baie de Tanger. Son corps, jeté à la mer par ses assassins, ne fut jamais retrouvé. « Mourir en mer, qu’on me fasse glisser dans l’eau et que je m’enfonce doucement, librement dans les profondeurs marines » aurait-elle confié peu avant. Ainsi périt la comtesse qui voulait voir la Mecque. Une disparition qui inspira à sa petite fille, Julie, ces phrases qui résonnent aujourd’hui d’un écho particulier : « Marga lutta toute sa vie au sein d’une société éminemment masculine, dirigée et conçue par et pour les hommes. Si elle ne fut pas une militante de la cause féministe et si elle ne détesta pas les hommes pour autant, toute son existence fut, de fait, un combat contre le préjugé de la supériorité masculine. Elle revendiqua hautement le droit au travail à part égale avec les hommes. De cela, en tant que petite-fille, je ne saurai la condamner. »

Sources

Marga d’Andurain (1893-1948), une occidentale d’avant-garde en Orient
Article publié le 18/01/2012 Par Julie d’Andurain

www.lesclesdumoyenorient.com

Le Temps.ch

/lalettreduphenix.wordpress.com

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