Rares sont les artistes à être célébrés de leur vivant : le joailler Art Smith, toqué de bijoux, fut de ceux-là. Très tôt consacré par le Harper’s Bazaar, Vogue et le New Yorker, on lui commanda même une broche pour Eleanor Roosevelt… Récit.
La liste de ses clients ferait pâlir d’envie le plus grand des créateurs de bijoux; le Harper’s Bazaar, Vogue, Duke Ellington, Lena Horne, Eleanor Roosevelt…
Jeune surdoué et ambiteux, Art Smith ouvre sa propre bijouterie sur Cornelia Street dans le quartier en 1946 et devient très vite un incontournable de la scène artistique du centre-ville. Ses pièces postmodernes, des bijoux d’exception, étaient un «must have» parmi l’élite artistique de New York.
Il faut dire que sa participation, un an plus tôt, à l’exposition « Modern jewelry under $50 » a fait converger vers son travail, tous les regards. En 1969, une exposition sur les bijoux d’exception lui est entièrement consacrée au « New York’s Museum of Contemporary Crafts », l’actuel Museum of Art and Design.
Son idée de génie : utiliser pour ses pièces des matériaux jugés moins nobles que ceux utilisés habituellement dans la joaillerie. Ses premiers bijoux sont en cuivre et en laiton. Art Smith passe rapidement à l’argent. Il agrémente parfois ses pièces de pierres fines ou dures.
Le joailler utilise une patine foncée, comme sur le bracelet, ou brassard, en argent « Lava » (conçu vers 1946), pour donner de la profondeur à son bijou. Celui-ci s’étend sur toute la longueur du bras inférieur en ondulant, témoigne de la grande taille de ses bijoux. Il en va de même pour le bracelet manchette en argent « Modern Cuff » (vers 1948).
Ses bijoux n’étaient manifestement pas destinés au grand public, mais Art Smith n’en a pas moins été approché par plusieurs grands magasins, y compris Bloomingdale’s.
Le Cincinnati Art Museum a présenté en grande pompe vingt-quatre bijoux en argent et en or créés par cet artiste afro-américain. L’exposition From the Village to Vogue : The Modernist Jewelry of Art Smith a été organisée conjointement avec le Brooklyn Museum of Art, propriétaire des œuvres.
Les bijoux exposés couvrent les années 1948-1979 et comptent parmi les pièces les plus célèbres d’Art Smith. Ils soulignent la grande unité de son style tout au long de sa trop courte carrière.
