Le petit lapin et ses poussins

On se repasserait la bande 20 fois tellement on a du mal à croire à cette scène ahurissante. Conférence de presse d’un  ancien Ministre français. A une question dérangeante que lui pose une journaliste, il regarde un de ses confrères et se gausse « Elle est toujours comme ça la petite ? ».

Prends ça dans les dents, ça t’apprendra à jouer dans la cour des grands, jeune fille. Mais Bon dieu, que faisait le service d’ordre ? Laisser approcher une petite intello au micro bien tendu ? Super dangereux ça !

« Mon petit », « Ma chérie », « Mon lapin » -entendu en formation sur la gestion du stress relationnel- combien de femmes en ont eu les oreilles rabattues ? A 20, 30, 50, voire 60 ans. L’âge et la fonction n’y changent rien. L’infantilisation a cours dans tous les secteurs professionnels, à l’égard des jeunes embauchées comme des femmes d’expérience.

Et si vous avez l’outrecuidance de vous en émouvoir, on vous traitera d’aigrie dans le meilleur des cas. Et on plaindra votre mari. « Ça doit pas être facile pour Monsieur tous les jours, ha ha ha ! » Entendu en formation. Oui, la même.

Alors mes sœurs, toutes ensemble, unissons-nous d’une seule voix pour rappeler à ces messieurs que le petit lapin, après une journée de 8 heures quand tout va bien, rentre ventre à terre pour acheter de quoi remplir le frigo tout en s’enquérant de l’avancée des devoirs de sa progéniture via son oreillette, tandis que son index pianote furieusement des SMS pour rappeler à Monsieur de passer à la pharmacie. Elle s’en fout le petit lapin de courir, car le soir, elle serrera dans ses bras sa portée de petits poussins qui sentent l’herbe mouillée du stade de foot et l’Eau Jeune, la récompense suprême. Et s’assurera le matin que ses petits poussins partent le ventre plein et le visage débarbouillé à l’école et au lycée, avant de partir retrouver ses confrères masculins et leur vision si imagée de la féminité.

Photo Christian Pfahl

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