Le court-métrage L’Espace d’un Instant sera présenté à la Cinémathèque française, à Paris, le 23 avril, dans le cadre de la rétrospective Pierre Richard. L’occasion d’un voyage animé avec son réalisateur, Alexandre Athané, qui projette pour nous le film de sa vie. Action !
Demander à Alexandre Athané ce qui lui a fait aimer le cinéma, c’est comme pousser la porte d’une salle obscure et s’assoir au premier rang devant un écran géant. Biberonné aux films de Spielberg, Joe Dante et David Cronenberg, le jeune réalisateur en pince sérieusement pour ces maîtres du cinéma fantastique qui vous embarquent dans leur univers sans vous laisser d’autre choix que de les suivre. Un film a-t-il fait la différence ? « Gremlins ! » s’exclame Alexandre sans hésitation, « j’aime ces créatures qu’on dirait fait-main, ces films où les monstres étaient réellement sur le plateau, marionnettes ou animatroniques au charme immense ». Autre claque : « E.T. », qui le renforce dans son idée que nous ne sommes pas seuls dans l’univers, et l’hilarant « SOS Fantômes », un film « fun et généreux»…
« Dans le film, Brisby et le secret de Nihm, la pluie qui tombe, c’est de la pure poésie. »
Personne ne s’étonne donc, quand, le bac en poche et le sac sur le dos, Alexandre part pour New-York, LA ville qui sert de toile de fond à ses films cultes. Il travaille comme illustrateur et progressivement, l’envie lui vient de donner vie à ses personnages. Alexandre a été marqué par Le Roi et l’Oiseau de Paul Grimault, mais surtout Brisby et le secret de Nihm, réalisé par Don Bluth, à l’ambiance très sombre enrobée de la somptueuse partition de Jerry Goldsmith. Le cinéma d’animation n’a jamais été, en effet, la chasse gardée de Disney. Le secret de Nihm est pour Alexandre un bijou de réalisation : « Je suis notamment émerveillé par la façon dont les animateurs ont représenté la pluie qui tombe. C’est une merveille, c’est de la poésie pure ». Alors, quand le scénariste Vincent Cappello lui soumet un projet de court-métrage, le jeune homme n’hésite pas une seconde. L’histoire, qui traite avec une infinie délicatesse de la force des liens familiaux à travers l’amour d’une petite-fille pour son grand-père à qui le grand Pierre Richard prête sa voix inimitable – est une parabole comme on les aime. S’ensuivent deux années de travail acharné à courir de la table à dessin aux réunions pour monter le projet. « Plus mon travail avançait, plus il se complexifiait », se souvient Alexandre. « Je pensais au départ faire un film en noir et blanc, puis j’ai plongé dans les couleurs en inventant mes décors, et tout le reste devait alors suivre…» Réaliste, le film est sombre, à l’instar du Secret de Nimh, et la capacité à rêver côtoie l’ombre de la mort, comme la gravité n’est jamais bien loin de la tendresse. Alexandre adore cette « possibilité de raconter plein de choses de façon détournée, d’explorer et d’exprimer mille et un sentiments. » Et le travail d’Alex Beaupain à la musique originale du film finit de donner à « L’Espace d’un instant » la force d’un message de tendresse qui nous dit qu’il faut garder intacte notre capacité à rêver.
Deux ans à vivre à perdre haleine pour un court métrage de… 14 minutes. « C’est complètement disproportionné ! » reconnait Alexandre Athané qui ajoute « Et maintenant qu’il est terminé, je suis un peu orphelin. Mais c’est ainsi, il ne m’appartient plus. « L’Espace d’un instant » doit vivre sa vie… » (NDLR : le film vient de remporter le prix du public au festival Athens Animfest en Grèce.)
Isabelle GAZANIA-HAAS
L’Espace d’un instant – Alexandre Athané. France / 2015 / 14 min
Infos pratiques :
Le 23 Avril 2016 à 15h à la cinémathèque Française :
http://www.cinematheque.fr/film/129895.html
