L’ampleur prise par le mouvement Nappy dans le monde est une vraie bonne nouvelle pour les adeptes du retour au naturel mais ne doit pas faire oublier qu’aujourd’hui encore, l’Afro est mal perçu dans les hautes sphères, y compris pour une Première Dame.
Elle est peu connue cette image de Michèle Obama. C’est même l’une des seules où on la voit arborer ses cheveux au naturel. L’Amérique a peut-être élu un président métis (deux fois) mais elle a ses limites. Et une Première Dame, comme ses deux filles d’ailleurs, n’a semble-t-il pas eu d’autre choix que d’arborer des cheveux lisses pour les représentations officielles. Même l’une des artistes les plus talentueuses de la décennie se plie à cette injonction silencieuse de la société, de porter des cheveux lisses. Ainsi, dans son roman Americanah, sorti en 2013 aux États-Unis et récemment traduit en français, Chimamanda Ngozi Adichie taquine à dessein la superbe Beyonce : « Nous aimons tous Bey mais pourrait-elle nous montrer, juste une fois, à quoi ressemblent ses cheveux lorsqu’ils poussent sur son crâne ? » Et l’auteur de déclarer: « Si Michelle Obama avait porté ses cheveux au naturel, Obama n’aurait pas gagné. » On aurait tort de penser cependant qu’en arborant des cheveux lisses, la Première dame a renié ses origines africaines puisque l’Afro ne vient pas du continent subsaharien mais de… New-York.
Dans le Greenwich des années 50, l’Afro est d’abord bohème, Nina Simone est l’une des premières à en être l’égérie. Mais il faudra quelques « Une » de magazine -Myriam Makeba sur la couverture de Look ou Pat Cleveland sur celle de Vogue, pour que le grand public découvre cette nouvelle façon de porter ses cheveux au naturel.
L’Afro se prend même des airs très chics sur fond de gratte-ciel s’élevant à l’infini.
Et puis il y eut Pam Grier, Diana Ross, Melba Moore -inoubliable dans la comédie musicale « H Air »- Cicely Tyson.
Que n’entendit-elle pas cette jeune actrice, la première afro-américaine à obtenir un rôle dans la série « East Side / West Side », du jamais vu à la télévision, lorsqu’elle osa arborer ses cheveux au naturel ! Même des membres de la communauté noire américaine déplorèrent que la jeune femme puisse préférer ses cheveux crépus à une coiffure bien lisse. N’ayant cure des mécontents, Marsha Hunt -dont l’histoire d’amour avec Mick Jagger a récemment été révélée- sublime l’Afro avec panache avant que le mouvement Black Power lui donne une signification, l’essence même du concept “Black is Beautiful”.
