![\"S\u00e9ance](\"http:\/\/fossette-magazine.com\/wp-content\/uploads\/2015\/03\/MG_6800.jpg\")
<\/a><\/p>\nGabonaise install\u00e9e \u00e0 Paris o\u00f9 elle obtint un doctorat en lettres modernes, Charline Effah publie \u00ab N\u2019\u00eatre \u00bb apr\u00e8s le tr\u00e8s beau \u00ab Perc\u00e9es et chim\u00e8res \u00bb. Pour nous, elle revient sur la place de la femme, en Afrique, et en Europe.<\/p>\n
Votre premier roman Perc\u00e9es et chim\u00e8res \u00e9voquait l\u2019immigration, les r\u00eaves d\u2019Europe et les espoirs d\u00e9\u00e7us. Quel regard portez-vous sur la situation des immigr\u00e9s en France aujourd\u2019hui\u00a0?<\/strong><\/p>\n Les mouvements migratoires ne sont pas une invention moderne. La France n\u2019est pas une exclusivit\u00e9 m\u00eame si la m\u00e9diatisation et la politisation de ce ph\u00e9nom\u00e8ne semblent avoir l\u2019ambition d\u2019en faire un bouc \u00e9missaire. L\u2019autarcie et ses variantes d\u00e9guis\u00e9es sous les vocables de nationalisme ou de patriotisme outrancier ne sont envisageables qu\u2019au pays des bisounours. Il y a un s\u00e9rieux probl\u00e8me quand on parle d\u2019immigr\u00e9s en France, c\u2019est que l\u2019on survole les v\u00e9ritables interrogations. Ce qui int\u00e9resse? ce sont les constats concernant l\u2019immigration grandissante mais jamais on ne se penche sur les causes politiques, soci\u00e9tales, le d\u00e9s\u00e9quilibre d\u2019un mod\u00e8le \u00e9conomique nord-sud qui n\u2019octroie pas de v\u00e9ritables perspectives pour les pays pr\u00e9sent\u00e9s \u00e0 tort comme \u00e9tant sous-d\u00e9velopp\u00e9s.<\/p>\n Et sur celle des femmes, qui restent les personnages principaux de vos romans?<\/strong><\/p>\n Il y a eu des \u00e9volutions et je suis est tr\u00e8s reconnaissante envers tous ces pionniers et ces pionni\u00e8res qui ont \u0153uvr\u00e9 en faveur des droits des femmes. Pour le cas de la France, c\u2019est en 1944 qu\u2019est acquis le droit de vote et d\u2019\u00e9lligibilit\u00e9 des femmes. Et c\u2019est \u00e0 partir de 1965 que les femmes mari\u00e9es peuvent exercer une profession sans l\u2019autorisation de leur mari. Avec tout \u00e7a, je me dis qu\u2019on vient de loin. Par respect pour ceux qui ont particip\u00e9 \u00e0 tracer ce sillon, par solidarit\u00e9 envers ces femmes qui sont encore mari\u00e9es de force, excis\u00e9es, sous-pay\u00e9es, le f\u00e9minisme devrait \u00eatre l\u2019affaire de tous. Pour cela je pense qu\u2019il est important que l\u2019on sorte les consciences de cette amn\u00e9sie, cette ignorance des chemins emprunt\u00e9s par les mouvements f\u00e9ministes. Les acquis d\u2019aujourd\u2019hui sont les r\u00e9sultats des combats d\u2019hier. A nous, femmes et hommes modernes, de faire en sorte que demain pour le m\u00eame emploi hommes et femmes aient le m\u00eame salaire pour ne citer que cet exemple.<\/p>\n Le magazine Elle a sorti r\u00e9cemment un reportage sur la femme noire en France\u00a0? A votre avis, les choses \u00e9voluent-elles dans le bon sens\u00a0?<\/strong><\/p>\n Pour que les choses \u00e9voluent, il faut que l\u2019on arr\u00eate d\u2019ignorer la mixit\u00e9. L\u2019\u00e9volution du statut de la femme noire en France d\u00e9pend de l\u2019\u00e9volution du statut de l\u2019homme (avec grand H) noir. C\u2019est la capacit\u00e9 \u00e0 int\u00e9grer le paradigme d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 color\u00e9e qui est le premier pas vers une red\u00e9finition des places et des r\u00f4les.<\/p>\n \u00a0\u00ab\u00a0Ces cr\u00e8mes \u00e9claircissantes que tu utilises, cet outrage que tu fais subir \u00e0 ta peau pour te rapprocher de la couleur de ta femme, ce m\u00e9pris de toi et de ce que tu es\u00a0! Je n\u2019ai pas besoin de t\u2019insulter car tu t\u2019en charges toi-m\u00eame\u00a0!\u00a0\u00bb\u00a0; cette citation de votre ouvrage nous ram\u00e8ne au mythe de la femme blanche, quelle signification lui donnez-vous\u00a0?<\/strong><\/p>\n La citation va plus loin que le mythe de la femme blanche. C\u2019est un regard port\u00e9 sur la question de la qu\u00eate d\u2019une alt\u00e9rit\u00e9 au contact avec l\u2019autre, une alt\u00e9rit\u00e9 \u00e9dulcor\u00e9e, hybride et en construction.<\/p>\n Avec votre ouvrage \u00ab\u00a0n\u2019Etre\u00a0\u00bb, vous abordez le difficile sujet de l\u2019adult\u00e8re avec pour toile de fond la France et le Gabon. Comme dans votre premier roman, pourquoi\u00a0?<\/strong><\/p>\n Le Gabon n\u2019est pas explicitement \u00e9voqu\u00e9 dans N\u2019\u00eatre. La France oui. Je m\u2019int\u00e9resse beaucoup aux identit\u00e9s hybrides et il est important pour moi d\u2019inscrire mes personnages dans des univers oppos\u00e9s pour dire cette hybridit\u00e9 d\u2019une part. D\u2019autre part, parler de l\u2019adult\u00e8re de cette mani\u00e8re me permettait d\u2019universaliser la question et de ne pas prendre des risques de tomber dans les clich\u00e9s en stigmatisant telle communaut\u00e9 plus qu\u2019une autre.<\/p>\n \u00a0Quel avenir pour les jeunes femmes en Afrique aujourd\u2019hui\u00a0?<\/strong><\/p>\n \u00a0La femme africaine est forte, battante et fonci\u00e8rement courageuse. Je ne m\u2019inqui\u00e8te pas au sujet de son avenir.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Gabonaise install\u00e9e \u00e0 Paris o\u00f9 elle obtint un doctorat en lettres modernes, Charline Effah publie \u00ab N\u2019\u00eatre \u00bb apr\u00e8s le tr\u00e8s beau \u00ab Perc\u00e9es et chim\u00e8res \u00bb. Pour nous, elle revient sur la place de la femme, en Afrique, et en Europe. Votre premier roman Perc\u00e9es et chim\u00e8res \u00e9voquait l\u2019immigration, les r\u00eaves d\u2019Europe et les… <\/p>\n\u00ab\u00a0La femme africaine est forte, je ne m’inqui\u00e8te pas pour elle!\u00a0\u00bb<\/strong><\/h2>\n