Sc\u00e8ne ordinaire d\u2019un repas partag\u00e9 entre coll\u00e8gues \u00e0 la caf\u00e9t\u00e9ria. Une cuisini\u00e8re touillant vigoureusement sa plat\u00e9e h\u00e8le une jeune femme qui pousse son plateau encore vide devant elle.<\/p>\n
-Vous allez \u00eatre contente ma belle, aujourd\u2019hui, on a du riz cr\u00e9ole.<\/p>\n
Eclats de rire dans la file. Silence de la jeune femme qui sourit pour la forme.<\/p>\n
-Qu\u2019est ce que j\u2019ai dit\u00a0? demande la cuisini\u00e8re.<\/p>\n
Elle est un peu rouge \u00e0 cause de la vapeur de ses cuisines mais aussi parce qu\u2019elle a vu le visage de cette jolie fille des \u00eeles se refermer.<\/p>\n
C\u2019est que la jeune femme n\u2019a de cr\u00e9ole que l\u2019apparence et\u00a0qu\u2019elle ne conna\u00eet des \u00eeles que ce qu\u2019elle a pu en avoir dans les magazines. Son truc \u00e0 elle, ce serait plut\u00f4t le risotto son p\u00e8re \u00e9tant sicilien d\u2019origine.<\/p>\n
-Mais c\u2019est quoi ton probl\u00e8me\u00a0! lui dit sa meilleure amie \u00e0 qui elle raconte sa m\u00e9saventure, le soir, devant un verre de Saint Emilion. Elle a d\u00e9clin\u00e9 le rhum que lui proposait le joli barman avec des \u00e9toiles dans les yeux. Tu es m\u00e9tisse et alors\u00a0? Assume\u00a0! Moi qui suis blonde aux yeux bleus et qui m\u2019appelle Laurence Durand, je d\u00e9teste \u00eatre si banale\u00a0!<\/p>\n
-Et si mon choix \u00e0 moi, c\u2019est de passer inaper\u00e7ue?<\/p>\n
-Tu ne peux pas.<\/p>\n
Son amie a raison.<\/p>\n
La fille au teint caramel siffle son verre et demande la bouteille pour trinquer. Car ce soir-l\u00e0, elle d\u00e9cide qu\u2019elle a du bol finalement. La chance de ne pas \u00eatre banale sans m\u00eame avoir \u00e0 lever le petit doigt.<\/p>\n
-Bravo\u00a0! dit son amie.<\/p>\n
-Partons au Cameroun, le pays de maman\u00a0!<\/p>\n
-Et pour quoi faire\u00a0?<\/p>\n
-Pour que tu go\u00fbtes toi aussi \u00e0 la joie de ne jamais te fondre dans la masse.<\/p>\n
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Photo Christian Pfahl \/ calixte.ch<\/p>\n
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Les st\u00e9r\u00e9otypes ont la vie dure m\u00eame si aujourd\u2019hui, on peut \u00eatre noire, pr\u00e9f\u00e9rer le risotto au riz cr\u00e9ole, et un bon Saint Emilion \u00e0 un rhum arrang\u00e9. Sc\u00e8ne ordinaire d\u2019un repas partag\u00e9 entre coll\u00e8gues \u00e0 la caf\u00e9t\u00e9ria. Une cuisini\u00e8re touillant vigoureusement sa plat\u00e9e h\u00e8le une jeune femme qui pousse son plateau encore vide devant… <\/p>\n