Trump ne fera pas oublier le courage de Ruby et Dorothy

A l’heure où Trump et ses soutiens jettent comme un voile sombre sur l’héritage issu de la lutte pour les droits civiques, Fossette se souvient du combat d’une fillette et d’une jeune femme noires pour accéder aux mêmes droits à l’éducation que les blancs. Dorothy et Ruby, puissiez-vous ne pas avoir avalé tant de couleuvres pour rien.

Nous arrive-t-il de songer en amenant nos enfants à l’école le matin qu’il fut un temps où toutes les petites filles nées en Occident n’avaient pas la même insouciance en attrapant leur cartable et leur goûter avant de rejoindre les copains ? L’accès d’Obama au poste suprême et du même coup la mise en lumière de sa formidable épouse dont le combat pour l’éducation des filles  a de quoi faire réfléchir Mmes Bruni-Sarkozy et Fillon en même temps, nous ferait presque oublier combien fut le long pour les minorités le combat pour l’accès à l’égalité des droits. Regardez cette photo sur laquelle un U.S. Marshals escorte Ruby Bridges, première noire américaine à faire sa scolarité dans une école pour blancs à la Nouvelle Orléans.

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Nous sommes en 1960, l’année durant laquelle Madagascar devient indépendante et où Simone Signoret décroche son Oscar. C’est aussi l’année du massacre de Sharpeville en Afrique du Sud réprimant dans le sang une manifestation contre le port obligatoire du passeport, en vigueur depuis la promulgation du « Pass Law Act ».

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Une violence à l’image de la ségrégation encore pratiquée aux États-Unis. Mais certains tentent de faire bouger les choses. Le 14 novembre 1960 en pleine revendication pour les droits civiques, le président Eisenhower ayant pris la décision d’ouvrir aux noirs les écoles uniquement réservées aux blancs, une petite fille noire du nom de Ruby Bridges prit le chemin de l’une d’entre elles, sous bonne escorte policière. En effet, la petite et sa famille reçoivent des menaces de la part des parents blancs refusant catégoriquement de voir leurs enfants scolarisés avec une  » petite négresse ». Ils retirent d’ailleurs leurs enfants de l’établissement le jour de l’arrivée de Ruby, et les instituteurs, dans leur grande majorité, refusent d’y enseigner à leur tour. Un seul professeur accepte de donner des cours à ce brave petit soldat. On imagine qu’il a fallu du courage à Barbara Henry (originaire de Boston) pour prendre cette décision. Des années après, Ruby n’a rien oublié de cette journée :  «Je voyais des barricades et des officiers de police et juste des gens partout. Et quand j’ai vu tout cela, je me suis immédiatement dit qu’on était Mardi Gras . Je ne savais pas que tous ces gens protestaient contre mon admission dans l’école.  »

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Ruby se levait tous les matins la peur au ventre, mais n’a pas manqué une seule journée d’école. Et pourtant, durant le trajet on l’insultait, on la menaçait et on a essayé à sept reprises de l’empoisonner (A tel point qu’elle ne mangeait que la nourriture préparée par sa mère). On n’ose imaginer à quoi songeait cette femme manifestant chaque jour devant son école avec une poupée noire dans une poussette en lui lançant des insanités. Mais Ruby n’a jamais baissé les bras!

Plus âgée, mais toute aussi courageuse, Dorothy Counts fut la première afro-américaine à faire ses études dans un lycée réservé aux personnes blanches. Bien sûr, elle subit le harcèlement et le rejet des autres étudiants lors de son premier jour. Mais Dorothy elle aussi, ne lâcha pas prise.

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Cette photo prise par Douglas Martin a remporté le prix « World Press Photo of the Year » en 1957.

Le photographe de Charlotte Observer, Don Sturkey, a capturé  cet autre incident lamentable sur son film, et dans les jours qui ont suivi, l’image est apparue non seulement dans le journal local, mais dans les journaux du monde entier. Là, en noir et blanc, éclate la preuve de la brutalité du racisme, une force sinistre poussant des jeunes à en tourmenter un autre tandis que les adultes se tenaient debout sans rien faire.

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Mais une photographie fut prise ensuite et l’on y voit Dorothy Counts, assise entre Betty Broome, L & Jean King, R, discutant de ses cours après avoir enduré des railleries le jour de son intégration. Ces filles devinrent ses amies, envers et contre l’opposition des tenants d’une stricte séparation entre les blancs et les noirs.

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