On dit bien souvent de la beauté des femmes, que chez les plus ravissantes, elle s’ignore. Il en est de même du talent des stylistes de la zone océan indien. La pépite est là, mais les chercheurs d’or ne savent même pas que leur sol en recèle. Après l’étincelant défilé du 28 mai organisée par ALCOI à Saint-Denis-de-la-Réunion, ils savent désormais où chercher. Et les marques de la vieille Europe qui faisaient la mode jusqu’ici ont du souci à se faire, car la relève de la création locale est bien là.
Photos Patrick Yahameti
« Soyons clairs Monsieur, à Mayotte, on ne fait pas que des Salouvas, et à la Réunion, il n’y a pas que des jupons créoles. » Wardat Monjoin, présidente d’ALCOI, Association Laingua Cultures de l’Océan Indien, n’était pas venue à La Réunion pour mâcher ses mots. Le message à la presse venue peu avant le défilé de quatre stylistes réunionnaises incontournables est clair : dans votre région, vous avez des stylistes douées qui valent bien tous les Mango et les Célio du monde, et elles ne font pas que dans l’ethnique.
Voilà qui rappelle un article du journal L Point qui réalisait, lors de la dernière Fashion Week à Milan, que « le succès de la mode africaine doit désormais plus à sa qualité qu’à son côté « ethnique ». « Nous sommes certes réunionnaises, mais nous sommes avant tout des stylistes » nous confiait en coulisses, peu avant le défilé, une des créatrices.
Et en effet, en voyant sur scène étinceler des créations aux lignes contemporaines, fluides et aux coupes parfaites, on peut imaginer sans mal que l’Occident puisse ouvrir les bras aux robes de soirées ou d’été, tailleurs pantalons ou ensemble printanier de Patricia Fortuné, Erika Vembouly, Carline Grunfelder et Maria Rousset.
Oui, la création africaine et océano-indienne peut être de très haute qualité. Oui elle peut répondre aux exigences de la modernité et des modes. Et donc, parfaitement s’exporter. Mais la première étape est bien sûr de favoriser la fabrication locale. « Imaginez la fierté des nos stylistes lorsqu’elles pourront vendre à plus grande échelle des créations fabriquées sur place et éthiquement, loin de tout atelier clandestin… » suggère Wardat Monjoin. Voilà qui devrait plaire à Simone Cipriani, fondateur de Ethical Fashion Initiative, une plateforme mettant en relation le monde de la haute couture et du luxe et celui de l’artisanat produit de façon éthique dans les pays en voie de développement, dont le but est de but est également de rendre le monde de la mode plus juste, afin que des stylistes en devenir puissent vivre correctement de leur créativité. Et voilà qui a séduit à Sakina M’sa, pasionaria de l’éthique dans la mode, qui sera la marraine de la 7e édition du Salon de la mode dédié à l’Océan Indien.
