Vive les jupes trop courtes!

Née dans la rue, adulée par la jeunesse, décriée par les ménagères et Coco Chanel, pour nous, la mini-jupe a tout bon !

Bénie soit la couturière anglaise Mary Quant qui la dessine à Londres en 1964. Parce qu’elle est transgressive, elle met les jeunes dans sa poche. La sulfureuse pointe le bout de son nez à une époque qui ne l’est pas moins. On est en pleine guerre du Vietnam, on casse les fauteuils devant les Beatles et les Rolling Stones, les hommes vont dans l’espace, les femmes gagnent peu à peu leur liberté, à commencer par celle de choisir, ou pas, d’avoir des enfants. Laurent Voulzy (1) dédie une chanson à la couturière qui a «chaviré» la vie de garçons comme lui avec «ses robes pop toutes courtes».

Carnaby Street à Londres, dans les années 60. Photo Flickr. Arbyreed

Et puis, le corset a disparu, les coupes de cheveux courtes sont à la mode. Logiquement donc, les tradis s’offusquent. Gabrielle Chanel s’indigne : « C’est affreux tout ça. C’est affreux de faire voir ces genoux ». Puis excédée, celle qui a secoué la mode de l’entre deux guerres s’écrie : « Je me suis battue (…) contre ces robes courtes. Je trouve ça indécent ». (2) tant pis pour la maison Chanel, d’autres couturiers l’adoptent, tels André Courrèges qui l’introduit sur les podiums dès 1966.

 

« Ni moi, ni Courrèges n’avons eu l’idée de la minijupe. C’est la rue qui l’a inventée »,  Mary Quant

Si la minijupe de Mary Quant choque, celle de Courrèges est relativement mieux reçue, grâce au prestige de la haute couture. La voici qui se raccourcit, puis se rallonge au gré des envie. Françoise Hardy, France Gall et Brigitte Bardot sont ses ambassadrices dans le monde entier.

Elle quitte pourtant momentanément la garde-robe dans les années 1970, chassée par la mode hippie. Pour revenir, plus courte et devenir un des vibrants symboles de l’émancipation féminine. En 2012 en effet, des milliers de manifestantes ont défilé à Johannesburg, lors d' »une marche de la mini-jupe » afin d’exprimer leur ras-le-bol face au sexisme et aux violences faites aux femmes.

Cette manifestation, la seconde du genre, est passée à proximité d’une station de taxis collectifs, où une jeune femme de 25 ans a été déshabillée, agressée sexuellement et humiliée à la mi-février parce qu’elle portait une minijupe. « Nous aimons nos minijupes », « Nous ne sommes pas des panneaux de signalisation, vous devez nous respecter »: les pancartes relayées par des discours au micro appelaient les chauffeurs de taxi à respecter la dignité des femmes.

(1) Laurent Voulzy aussi, qui a dédié une chanson à la couturière qui a «chaviré» la vie de garçons comme lui avec «ses robes pop toutes courtes».

(2) Elle doit se retourner dans sa tombe! », lâche, à propos de Gabrielle Chanel, l’historien de la mode Laurent Cotta, interrogé par l’AFP. Karl Lagerfeld, directeur artistique de Chanel depuis 1983, est un expert en mini-jupe et l’a adoptée pour rajeunir le célèbre tailleur de la maiso

 

 

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