Métissage en Amérique Latine : un phénomène complexe

L’Amérique Latine est un territoire beaucoup plus métissé qu’on ne l’imagine. La conquête espagnole et la colonisation du Nouveau Monde ont très tôt amené le continent à abriter des mélanges de couleurs et d’origines. Petit point historique sur les perceptions complexes du métissage typiquement intrinsèques de la culture sud américaine.

Petite histoire du métissage en Amérique Latine

1492. Découverte du Nouveau Monde. En amenant ses équipages sur ce continent tout neuf, Christophe Colomb était loin d’imaginer la miscégénation qu’allait connaître le territoire. Français, Flamands, Portugais et Espagnols rencontrent Incas, Mayas et autres aborigènes. Mais aussi des Noirs et des Indiens. Le peuple de l’Amérique Latine toute entier repose sur un immense métissage.

Les différentes strates de métis

La nature a horreur du vide. De l’arrivée de nouveaux peuples en Amérique Latine naissent des métissages tous aussi variés les uns que les autres. Un tableau du Musée du Mexique représente différentes familles mixtes et la nomination de leurs croisements.

Espagnol avec indienne donnent naissance à un mestizo
Espagnol et métisse à castizo
De Espagnol et castiza on revient à espagnol

De Espagnol et noire naît un mulato
De espagnol et mulata un morisco
De Morisco et espagnole un albino
De Albino et espagnole celui qui naît est Torna atrás (retour en arrière)
Mulato et indienne engendrent Calpamulato
De Calpamulato et indienne un Jibaro
De Noir et indienne un Lobo
De Lobo et indienne un cambujo
De indio et cambuja un Sambahigo
De mulato et mestiza un cuarterón
De Cuarterón et métisse un Coyote
De Coyote et Morisca naît un Albarazado
De albarazado et Salta atrás nait un Tente en el aire

Une classification aussi longue qu’alambiquée, parfois difficile à suivre !

 

La condition Blanche dans le métissage

Face à la conquête du Nouveau Monde, les peuples européens se réunissent sous la même bannière culturelle. Peu importe le pays d’origine, seule compte la « blancheur » comme symbole d’appartenance sociale. La couronne espagnole tenta pendant un certain temps de limiter le métissage en faisant importer des « blanches à vendre », prostituées européennes pour repeupler le Nouveau Monde. Néanmoins, cette initiative ne dura qu’un temps et bientôt, les premiers métis virent le jour.

On constate néanmoins que la condition Blanche n’était pas nécessairement synonyme de suprématie au début de la conquête du Nouveau Monde. Des Noirs, arrivés avec leurs maîtres Portugais et ayant acheté leur liberté se firent construire des exploitations fructueuses, les indigènes locaux ayant remplacés la main d’œuvre bon marché. La tendance s’inversa cependant au cours des années à cause de la baisse démographique des indigènes et de l’importante demande économique dans les champs de canne.

Une société de métissage non basée sur la pigmentocratie

La pigmentocratie est un concept qui désigne l’élévation sociale par la couleur de la peau. Néanmoins, il est surprenant de constater qu’en Amérique Latine, cette dernière n’était pas aussi immuable qu’en Europe. La couleur ne figeait pas nécessairement l’individu dans une case ad vitam aeternam, contrairement à la « colour line » états-uniennes. La classification était si tortueuse qu’il était tout à fait possible de changer son appartenance à une caste moyennant finance. Selon le degré de métissage, on pouvait demander son « blanchissement » en échange d’une somme d’argent définie. Et quand la peau était trop foncée pour passer inaperçue, même après paiement du « statut de blanc », l’Audience pouvait décréter une sentence  » que se tenga por blanco » (qu’il se considère comme blanc).

Photos:

Par watchwithkristin — Eva Longoria Parker, Tony Parker, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4908613 et DR

 

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