« Les stylistes de l’Océan Indien ont du talent » !

Qui aurait pu imaginer que le premier concours de stylistes de l’Océan Indien représenterait, sept ans plus tard, un tel vecteur économique et social dans la région ? En choisissant pour thème l’éco-création, il s’affirme de surcroît cette année comme un levier essentiel du développement durable. Et si la styliste Sakina M’sa rejoint l’aventure, on peut raisonnablement penser que les créateurs ont désormais une vraie chance de s’ouvrir à l’international.

Photos Anael Boulay

Wardat Monjoin est aux anges. Le chemin a été long, la route pavée d’embûches mais la présidente d’ALCOI*, organisatrice du Salon de la mode dans l’océan indien, sent bien qu’une étape décisive a été franchie. Son récent déplacement à La Réunion pour remettre son prix à Maria Rousset, gagnante de l’édition 2015, lui a permis de révéler aux médias à quel point le potentiel de création était fort dans la région et les perspectives de développement immenses. Remettre le Salon de la mode organisé à Mayotte en orbite, c’était déjà essentiel, mais il s’agissait surtout de rappeler que la mode, c’est autre chose que de promouvoir le développement dans les îles, d’enseignes européennes. L’objectif, a martelé Wardat Monjoin, c’est d’aider au développement des stylistes des îles, et d’inciter les fashionistas à s’habiller chez eux plutôt que chez Mango.

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Diversité des univers et élan de modernité

A l’heure où l’Afrique semble renouer avec les succès et offre davantage d’opportunités pour les créateurs, la région océan indien révèle elle aussi une nouvelle génération de stylistes dont la diversité des univers exprimée avec un réel niveau de modernité semblent tout à fait en phase avec les aspirations d’une clientèle occidentale. Le dynamisme est bien réel dans l’océan indien où de solides talents comme Erika Vembouly, Moinecha Hariti, Patricia Fortuné, Isabelle Gastellier, Carline Grunfelder et bien d’autres réussissent à séduire la clientèle locale mais rêvent de conquérir le marché occidental. Ces créatrices ne se sentent nullement dans l’obligation de créer des collections avec des coupes traditionnelles ou du wax et évitent soigneusement de tomber dans le cliché. Formidable tremplin pour les créateurs de l’océan indien, le Salon de la mode de Mayotte, face à un marché en plein essor, favorise une structuration lente, mais bien réelle, de l’industrie de la mode dans l’océan indien et offre une précieuse visibilité aux créateurs. Rodrigues, le Mozambique, les Comores, le Kenya, la Réunion… chaque île ou pays africain envoie désormais des candidats, avec plus ou moins de succès à la clé !

La 7e édition du Salon de la mode sera décisive pour poursuivre l’œuvre accomplie par ALCOI. Lancée au départ pour promouvoir entrepreneuriat des femmes de la région, le Salon de la mode organisé à Mayotte a battu en brèche tous les préjugés pour faire participer les stylistes de l’Océan Indien et de certains pays africains à son défilé. Tout l’enjeu est désormais de convaincre les jeunes des formidables opportunités qu’offre le secteur textile. Certains stylistes commencent à en vivre à la Réunion, à Mayotte, à l’Ile Maurice bientôt à Madagascar et aux Comores. À travers tout l’océan indien, les créateurs, portés par ALCOI, s’attachent à fabriquer des vêtements qui puissent s’exporter mais aussi se porter à Paris, Nosi Be, Londres, Rodrigues ou Pemba. Occident, nous voilà ! pourraient-ils clamer.

Isabelle GAZANIA-HAAS

 

 

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