Le tisserand et la designer

Lancer une collection d’accessoires textiles haut de gamme depuis Ouagadougou en préservant les techniques ancestrales, c’est le pari un peu fou lancé, et tenu, par Afrika Tiss, à travers sa marque Tiss&Tik. Rencontre avec sa fondatrice, Mariette Chapel.

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Comment se retrouve-t-on à produire, en plein cœur du Burkina Faso, des sacs, pochettes, trousses, coussins, étoles combinant exigence des motifs graphiques et luminosité des couleurs ? Par quel extraordinaire tour de passe passe Tiss & Tik – qui tire son nom d’une sonorité, rythmée par le va-et-vient régulier de la navette qui déroule le fil des tisserands africains- a pu lancer ici une véritable production d’objets ? « Tout a commencé à l’été 2013, raconte Mariette Chapel, fondatrice et coordinatrice qui a découvert le Burkina Faso sur les bancs de la fac. Quelques belles rencontres plus loin, elle est convaincue que l’artisanat textile représente pour de nombreuses femmes africaines un incroyable levier de développement et d’émancipation. Ainsi nait la collection Djibasso, fruit d’une association créative entre une designer textile parisienne, Nathalie Jacquault, et Monsieur Coulibaly, un tisserand Bwa Ba originaire de la ville de Djibasso.

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« L’idée, complète Mariette Chapel frappée d’un coup de foudre pour le continent, c’est de réinventer le savoir-faire des tisserands qui sont dans la perpétuation d’une tradition et de les inscrire dans une conception à vocation universelle. » Une production qui compte bien répondre aux exigences d’un marché international ; les femmes qui participent à la réalisation de la collection, au Burkina Faso, ont au préalable suivi un cursus complet de formation à des techniques améliorées en tissage, teinture et/ou couture-tout en tenant compte, et c’est bien là tout l’intérêt, des contraintes attachées aux techniques ancestrales.
C’est qu’il y a, on le sait, une clientèle pour la slow fashion ; privilégier le fait-main et la fabrication entièrement artisanale va bien au-delà d’un gage de qualité. Car il s’agit ici de redonner un sens à notre rapport à la consommation. Et de tisser les fils d’échanges entre deux continents aux destinées liées depuis plusieurs siècles. L’heure est juste venue de faire en sorte que ces liens ne soient plus des entraves pour personne mais des bases pour jeter enfin, des passerelles entre deux mondes aux richesses égales.

Isabelle Gazania-Haas

Afrika Tiss, le site: www.afrikatiss.org
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