Par Alexandra Blanc

Sortez les petits mouchoirs, je vais vous parler de ma génération. Celle des 35-40 ans, paumée entre la génération rebelle de nos soixante-huitards de parents et la génération Y de juniors shootés aux médias sociaux version « Amour, gloire et beauté ».

On nous taxe de génération martyre ou sacrifiée. Je nous qualifierais plutôt de génération « hybride », le cul coincé entre le sexa qui a vécu l’époque libérée de tous les possibles et le jeune geek interconnecté, biberonné au digital.

Alors qu’on cherche sans cesse à vouloir nous mettre dans des cases, nous, trentenaires et quadras, on est au croisement de ces deux générations, inclassables. Hors catégorie. Pas vraiment X ni tout à fait Y.

On a grandi avec Punky Brewster, Madonna et Coluche. On a vécu une enfance Bisounours bercée au son pop rock et électro. On a connu le téléphone à cadran, les premiers Mac, le radio-cassette et la Game Boy. Les nineties, c’était les années collège. On kiffait les jeans loose, le bandana, les bombers et les Doc Martens. On a été nourri à la culture Canal+, impertinente et créative. On a vu la mondialisation prendre en otage la société. On a vu le Moyen-Orient s’étriper et la géopolitique jouer aux échecs. On a vu la montée de la radicalisation et le racisme nous gangréner. On a vu le Sida tuer des millions de personnes. On a vu le chômage en détruire tout autant. On a vu la naissance des ONG et l’engagement contre la misère dans le monde et pour la survie de notre planète.

On n’est pas né avec les écrans tactiles mais on a appris à les apprivoiser. On n’a pas traversé l’époque hippies mais on en a gardé la substance. On sait utiliser les réseaux sociaux mais on sait aussi déconnecter. On n’a pas la culture de l’instantané ni du zapping, mais on a un esprit d’analyse carthésien qui n’exclut pas de rêver.

Alors, non, on n’est pas une génération blasée. On est des OVNI qui construisons le monde de demain. Pionniers de l’Internet, inventeurs de start-up, bâtisseurs de la nouvelle économie, promoteurs de l’écologie, défenseurs de la liberté d’expression.

On a grandi avec des acquis pour lesquels nos parents et grands-parents se sont battus. On ne connaît pas la guerre. Mais on se bat au quotidien pour s’en sortir dans cette société névrosée en imaginant de nouvelles façons de vivre ensemble, de créer de la richesse et d’être bien dans nos baskets.

On mise sur le partage des connaissances, l’échange et la solidarité. On est anti-individualiste. On a l’esprit tribu, parce qu’on sait que « seul, on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ». On est loyal sans être naïf. On a le cœur à gauche et en même temps la tête à droite. On a la culture du système D, parce qu’on sait que l’Etat a démissionné depuis trop longtemps. On a la rage chevillée au corps et le bleu à l’âme. On est disruptif dans l’entrepreneuriat. On a appris de nos échecs pour mieux réussir.

On ne dit pas qu’on va changer le monde. Mais on a la conviction qu’on peut agir à notre mesure pour modifier les mentalités et avancer dans la bonne direction, en étant créatif, persévérant, acteur de nos vies. On est lucide mais téméraire. On est la locomotive des générations à venir.

Ce sont ces valeurs-là qui nous guident et que nous transmettons à nos enfants, la fameuse génération Z qui fera le monde de demain, pour leur dessiner un avenir sans trop de fracas.

Et ça c’est déjà pas mal !

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