Fanja Ralalatiana : La mode belle et rebelle

Rares sont, parmi les créateurs, ceux qui parviennent à réussir le difficile équilibre entre douceur et force, mode chic et allure choc, sensualité et caractère. Fanja Ralalatiana est de ceux-là, inspirée par le souvenir d’une grand-mère surdouée de la couture qui lui a ouvert la voie.

Peu d’histoires, en vérité, débutent comme un conte de fées… Une petite fille qui déballe les cartons de sa grand-mère lors d’un déménagement, et qui tombe sur un monceau de belles étoffes brodées à la main.  Et merveille, une fois dépliées, celles-ci se révèlent des robes d’une classe infinie confectionnées en lamba (tissu traditionnel de Madagascar) (1) ou à partir de nappes brodées. Couturière à Tana, sa grand-mère était donc un précurseur en pratiquant l’up-cycling (recyclage) avant l’heure !

« Ça a été une révélation, se souvient avec émotion Fanja. Je trouvais ses tenues tellement majestueuses que j’ai réalisé à quel point ma grand-mère était douée. Et j’ai voulu suivre sa voie. » Fanja tient parole. Après le collège, elle s’inscrit en BEP mode et arts au lycée Pierre-Doriole de La Rochelle où la famille s’est installée quand elle avait dix ans.

Parmi ses sources d’inspiration, le style de Naomi Campbell, le talent de Ralph Lauren dont la fluidité des robes l’époustoufle encore et l’empreinte indélébile que Coco Chanel a laissé dans la mode. « Elle a libéré les femmes ; elle avait vraiment un côté révolutionnaire ! ».

« Personne n’a le monopole de l’allure ou de la féminité. »

Ayant débuté avec les moyens du bord, la jeune femme a appris à associer, mixer, confronter tous les tissus avec une préférence pour le mélange dentelle et organza, le raphia et la soie, n’hésitant pas à travailler la… toile de voilier, qu’elle habillera de ceintures en nœuds marins ! Dans son atelier de couture : le K-rpediem Mode (2), puis sur les podiums, elle ose les tenues décalées, voire déstructurées.

« Pour moi, note-t-elle, la mode est universelle et le métissage des tissus est à l’image d’un monde cosmopolite où tous les univers recèlent des trésors. Personne n’a le monopole de l’allure ou de la féminité. » Ce que Fanja aime aussi, c’est créer pour des femmes à la fortes et douces, ultra féminines et dotées de caractère, belles et rebelles. Un mélange à l’image de sa double culture : la diversité et du dynamisme que propose la vie Européenne, de l’autre nourrit d’une philosophie   » celle de vivre l’instant présent « .

Son rêve : avoir un jour sa propre maison de couture pour faire voyager son idéal d’une mode universelle. C’est tout le bien qu’on lui souhaite !

https://fanjakrpediem.jimdo.com/

Photos Richard Vinchon et Franck Blanquin

(1) Le « Lamba » – mot  à mot « tissu » – est le vêtement traditionnel malgache. Cette étoffe portée par les hommes et les femmes sur les épaules sera de toutes les cérémonies. Il renferme toute une partie de la culture malgache.

(2) « J’aime bien la définition de l’expression « Carpediem ». Ça me correspond tout à fait »

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